Un Eden urbain
Scène de vie:
Rue Stendhal, une expérience confirmée d'agroécologie qui vaut le détour
Arrivant de la rue de Bagnolet
dans le 11ème, un escalier, celui de l’église Saint-Germain de Charonne, vous
montre la voie. Son ascension réalisée, le portail du petit cimetière du
quartier vous dit « c’est par là ». L’ascension se poursuit au milieu
des tombes ornées de plantes vivaces utilisant le moindre interstice entre les
pierres pour accéder à la terre vitale. Un gros chat allongé de tout son long
sur une sépulture semble veiller sur l’âme de son maître.
De tout en haut de ce lieu de sérénité, un petit portail vous dit de nouveau « c’est par là ». On se trouve face à un mur mystérieux qui cerne un espace vide de toute construction. En le contournant par la rue de Stendhal le lieu recherché se dévoile. On sonne, on entre, on quitte la ville, la nature vous dit « c’est par là ». Un espace inattendu embrasse le regard et l’esprit. Des plantations de toutes sortes sont là en culture. L’éden parisien vous direz-vous. Des boutures de tomates de toutes formes sont alignées dans des godets, de la micro-pousse, lève la tête de leur pétiole vers le ciel ouvert d’une serre.
Glissez la porte sur rail de la
serre blanche et prenez garde à ne pas laisser entrer de volatiles gourmands. Munis d’une pomme d’arrosage au bout d’un
tuyau, un homme dont la longue barbe dépasse de son masque, arrose
méticuleusement les micro-pousses de radis, de choux, de coriandre, de
moutarde.
L’organisation transpire de ce lieu, un tableau d’école affiche un planning des
plantations, récoltes. Chaque plante micro-cultivée a son étiquette. Des
cagettes basses contiennent des milliers de vies végétales prêtes à croître.
Elles sont disposées sur un ingénieux système fait de briques creuses et de
tuyau d’eau chaude. L’hiver leur brèves vies continuent. Au bout de quelques jours les micro-pousses
seront récoltées et vendues. On vous
dira les vertus paradisiaques de cette nourriture, l’éden de l’agroécologie se
doit de nourrir les hommes ici-bas.
En salopette et casquette rouge
tabassé par l’astre solaire, une jeune femme s’empresse de vous accueillir « Bonjour,
voulez-vous des informations ? Toutes
les heures, à partir de 14 heures, un membre de l’équipe peut vous faire une
visite détaillée. »
Parcourant ce paradis pédestre, çà
et là de nombreux écriteaux pédagogiques vous renseignent sur le composte
collectif, sur la jardinière en lasagne, sur le jardin des employés. Vous en
serez plus en retournant à votre cité suggère l’œil vif d’une poule cendrée
derrière la grille de son poulailler.
Un grand réservoir souterrain
Mais pourquoi ce lieu n’a-t-il pas succombé à la tentation de l’urbanisme se demandera le visiteur. La réponse ne se révèle que pas après pas. Des petites tourelles ajourées étaient présentes sur le lieu bien avant cette nouvelle appropriation des lieux par les jardiniers. Naturellement la curiosité implore que l’on s’approche de leur porte close.
Un escalier en colimaçon mène au grand réservoir souterrain de la ville de Paris. Poussant une brouette, un grand gaillard sourire aux lèvres, vous dira qu’une fois par an, la « ville » ouvre les vannes de ses réservoirs pour laver le cœur des caniveaux de la capitale.
Depuis deux ans le « Paysan Urbain »
fait du bien aux : bénévoles, employés, clients et flâneurs.
François Valette